On dit de nous que nous sommes fainéants, égoïstes, que nous vivons dans un monde virtuel, déconnectés de la réalité, que nous ne nous intéressons plus à rien… Constat ou cliché ?
Qu’importe, la question est : Que fait-on maintenant ? Nous sommes des jeunes de moins de 18 ans et nous l’affirmons haut et fort nous ne sommes pas les « citoyens de demain », nous sommes les citoyens d’aujourd’hui !
Cela fait trop longtemps que nous nous sentons consignés en salle d’attente de la citoyenneté dans l’expectative de ces 18 ans qui nous conféreront le droit de vote. Mais à quel âge devient-on citoyen ? Comment voulez-vous que nous nous sentions concernés par le droit de vote si nous n’avons pas d’abord expérimenté des formes d’engagement ?
Comment voulez-vous que nous participions à la vie de la cité si on ne nous forme pas, très tôt, aux projets collectifs ; si on ne nous donne pas très vite le goût du commun ? On prétend que voter c’est être citoyen, que voter c’est l’acte fondateur qui nous mène à la citoyenneté active. Nous, explorateurs de l’engagement, affirmons que la citoyenneté ne peut et ne doit se réduire à l’accès au droit de vote. Cette définition est trop restrictive puisqu’elle exclut, de fait, les personnes mineures. Elle nous empêche de considérer l’éducation à la citoyenneté avec toute l’importance qu’elle mérite. Qui a décrété que nous ne vivions pas déjà une citoyenneté active à travers nos projets, nos engagements, nos convictions ?
Nous affirmons que nous avons les compétences pour agir et surtout l’envie de nous engager dans des projets qui donnent du sens à notre vie et à la construction de notre identité. Les jeunes doivent se sentir pleinement partie prenante de la société. Quelle cohésion nationale est possible si nous ne réussissons pas cela ? Nous vivons en plein paradoxe dans une société qui incite à l’individualisme et au repli sur soi et, dans le même temps, les pouvoirs publics ne cessent de faire appel à la citoyenneté des habitants, de réclamer leur participation. Mais qui se soucie de nous former à cette citoyenneté active ?
L’école le fait peu et mal comme le démontre le rapport du CNESCO sur l’engagement des lycéens qui précise : « Ces résultats semblent renouer avec des caractéristiques bien connues du système éducatif français qui vise à former des têtes bien faites, mais se soucie moins de former des futurs citoyens actifs ». La majorité des grands mouvements historiques d’éducation populaire qui formaient à des pratiques de citoyenneté active sont en perte de vitesse ou ont disparus sans être remplacés. Il en est de même pour les syndicats et les partis politiques. Il est temps de dépasser l’injonction à être des citoyens et de commencer à penser sérieusement la formation, la reconnaissance et la valorisation. L’engagement ne peut se restreindre à des informations théoriques et des actions ponctuelles, toutes légitimes soient elles ; ce doit être un véritable parcours.
Au-delà, encourager la citoyenneté active des jeunes, c’est leur donner les moyens de jouer un rôle constructif et positif dans la vie de leur communauté, leur permettre de prendre part aux décisions qui les concernent, leur reconnaître une forme d’expertise.
C’est aussi leur donner des occasions de coopérer et de faire preuve de solidarité auprès des autres. C’est leur ouvrir des temps et des espaces pour faciliter cela.
C’est reconnaître, résolument qu’avant même d’avoir le droit de voter, les jeunes peuvent participer à la transformation de la société.
Les Explorateurs de l’engagement